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MA VIE : Ses joies et ses peines

Un peu de culture

21 Juin 2006 , Rédigé par uguetta Publié dans #Patchwork

Historique du patchwork en France

Les exemples les plus anciens de couvre-lits matelassés que l'on connaisse en Europe -il en existe 3 datant de 1395 réalisés pour un mariage) seraient d'origine sicilienne.

Dès le début du XVIIè siècle, au commencement des échanges commerciaux de l'Angleterre avec l'Inde, des spécimens de grande qualité technique sont réalisés dans des ateliers du Bengale, à partir de dessins européens, réunis dans des cahiers de patrons (origine portugaise), le thème de la chasse y est développé, les emblèmes héraldiques, trophées et devises étant particulièrement prisés.

Bien sûr, il n'est pas rare de trouver dans notre patrimoine des édredons matelassés, issus du XIXè siècle et XXè siècle, mais dont la fabrication est strictement utilitaire ; ceux-là ne trouvent pas de place au musée.

En France, nous n'avons pas connu la nécessité impérieuse de récupérer les textiles usagés, contrairement aux pionniers américains. Nous n'avons donc pas développé le piécé, ni l'appliqué mais par contre, nous leur avons transmis la tradition du matelassé.

Le matelassage a été à lui seul un mode d'expression créatif qui s'est manifesté dans :

Le vêtement :

  • - costume militaire
  • - costume civil et régional

L'usage domestique :

  • - le couvre-lit ou "quilt"

Le costume militaire :

Déjà les guerriers francs portaient des vêtements de peau doublés de laine et matelassés, recouverts de tuiles de métal cousues en quinconce et se chevauchant.

XI - XIIè

Ce sont probablement des croisades que les chevaliers rapportèrent de leurs combats contre les Sarrasins, la pratique des tuniques de toile matelassées des hommes, des caparaçons pour leurs chevaux ainsi que les étendards armoriés.

XIII-XVè

Plus tard, les cottes de mailles vinrent renforcer l'action des vêtements surpiqués, puis les armures elles-mêmes recouvertes d'un surcot, tunique ample ornée des armoiries -à l'image du caparaçon, de l'étendard et du bouclier) en un ensemble coordonné, magnificence de la chevalerie française.

Le costume civil et régional :

XVIè

A la renaissance, la mode, tant masculine que féminine s'alourdit d'une surcharge d'éléments juxtaposés et appliqués : crevés aux manches et aux cuisses sur le pourpoint des hommes, velours et soies réunis, rehaussés de perles, de broderies de fils d'or et d'argent, de gemmes, de bijoux pour les deux sexes.

XVII-XVIIIè

Des pièces vestimentaires usuelles nous sont parvenues dans lesquelles le matelassage blanc sur blanc forme tout le décor. C'est le cas des bonnets régionaux et des jupons. En Provence, on appelle cette technique le boutis.

Jusqu'au milieu du XVIIIè siècle, les jupons sont fonctionnels, alliant confort et chaleur : coton en été, laine en hiver.

L'élaboration du décor et la finesse du matelassage deviennent telles que l'on fend puis relève la jupe du dessus "à la polonaise".

XIXè

La mode d'abord française, puis anglaise, transite par bateau jusqu'aux USA. Elle y est véhiculée par :

  • - Les revues fémminines (ex le journal des modes et des dames du premier quart du XIXè siècle.
  • - Les poupées mannequins et leurs toilettes réduction miniature des élégantes de l'époque.

L'économie :

Le patchwork est d'abord une leçon d'économie. Avant de devenir ce qu'il est, il est né de la nécessité impérieuse d'utiliser des restes de tissus, de faire du neuf avec du vieux, et de l'obligation absolue de transformer le moindre bout de textile ou la plus imprévue des matières végétales pour faire des couvertures pour tenir chaud.

C'était aussi le besoin de tirer parti au maximum de ce que l'on possède. C'est donc, à ce niveau, une occupation qui possédait plus que toute autre une qualité humaine. Et si actuellement l'usage de tissus neufs est de plus en plus répandu, beaucoup  d'adhérents au patchwork conservent l'habitude d'utiliser des tissus qui ont déjà marqué la vie familiale d'une façon ou d'une autre : robe d'enfant, rideau, tissu d'un chemisier ou même tenture murale. C'est pourquoi il ne faut pas que cette ancienne technique ménagère se perde dans des recherches trop poussées.

Le soir venu, et après une dure journée, les femmes se réunissaient pour se mettre toutes ensembles à leur patchwork. C'était un moment de détente, de bavardages et de chansons. Souvent les hommes se joignaient à elles et certains mettaient même la main à l'aiguille.

De nos jours, les réunions dans les clubs, dans les associations, ou même entre amies, ressemblent bien à ce qui se passait alors. Et les quits-parties existent, comme elles existaient alors : tout un groupe se réunit, auquel, dans certains cas, vient s'ajouter un autre groupe et dans la journée un quilt est créé et les blocs sont cousus. En fin de journée cet ouvrage est tiré au sort et celle qui l'a gagné s'engage à le matelasser. Dans certains cas, le matelassage de ce quilt donne lieu à une seconde réunion.

Il est aussi de tradition de se réunir pour aider une personne du groupe à terminer un quilt qu'elle a commencé et qui risque de ne pas être terminé pour une certaine date. C'est un travail gratuit et désintéressé, si rare de nos jours qu'il est essentiel de le préserver.

Le partage :

C'est un autre aspect agréable de l'esprit du patchwork. Il existe une certaine communauté du matériel et des tissus. Il faut savoir que dans un groupe, au moment de commencer un ouvrage personnel, il est possible que les tissus choisis pour soi passent à quelqu'un d'autre parce qu'ils vont mieux avec son ouvrage. Et cela est valable pour tous dans un sens ou dans un autre. Ainsi on risque de se retrouver avec un choix de tissus multiplié par le nombre de participantes.

Les motifs :

Lors de l'émigration des Européens vers le Nouveau Monde, les femmes ont suivi les hommes dans leur vie de pionners. Elles ont vite été confrontées à la double obligation de se vêtir et de se couvrir. Elles sont très vite arrivées à la confection de véritables chef-d'oeuvres.

A ce stade, elles ne se contentèrent pas d'assembler pour assembler. Nostalgiques de leur pays, elles se sont souvenues des traditions et des événements de leur pays d'origine.

Elles ont créé des motifs leur rappelant leur vie d'autrefois, et d'autres racontent leur vie actuelle :  certains s'inspiraient de la bible, d'autres de la nature, les arbres de leur pays natal et ceux des pays où elles vivaient, de la famille, de la politique, d'autres enfin s'inspiraient de faits : l'histoire de la nation américaine, les grandes batailles.

Ces motifs sont parvenus jusqu'à nous, sont toujours utilisés et nous évoquent toujours les mêmes événements.

Quilt de l'amitié :

Cette couverture était faite pour commémorer un événement ou pour honorer un héros. Chaque voisin donnait un bloc différent et tous se réunissaient pour l'assemblage.

Des broderies indiquaient les noms des participants et parfois évoquaient des symboles propres aux événements évoqués.

Freedom Quilt :

Freedom Quilt était un quilt fait par des jeunes filles pour les 21 ans d'un jeune homme. Toutes ses amies se réunissaient et faisaient une couverture qui était rangée jusqu'au moment de la mettre dans le trousseau de la jeune mariée.

Signature Quilt :

Ce travail servait à récolter des fonds. Les tissus qui allaient servir à le confectionner étaient vendus, le nom de l'acheteur était brodé dessus et les morceaux étaient ensuite assemblés.

Marriage Quilt :

C'était la 13è couverture qu'une future mariée se devait d'avoir. Elle s'ajoutait aux 12 autres (une pour chaque moit) que toute jeune fille se devait de faire pour son trousseau. Mais celle-ci était la plus belle et le plus souvent toutes ses amies participaient à sa confection.

Le Quilt du souvenir :

Pour perpétuer la mémoire d'un être cher alors disparu. Ce travail était souvent fait avec des morceaux de tissus découpés dans ses vêtements.

La création :

Les travaux manuels et les occupations artisanales tiennent actuellement une grande place dans la vie d'un très grand nombre de personnes et sont en augmentation constante.

C'est un contrepoids à la vie agitée que nous menons, vie pleine de technicité où règne partout la spécialisation avec ce que cela comporte de limite.

Cette création du patchwork, accessible même à des débutantes, donne à tous la sensation qu'ils peuvent se révéler dans un domaine artistique : comme les participants du début du XIXè siècle qui ne connaissaient rien ou si peu à l'art et qui  faisaient ces merveilleux quilts qui sont parvenus jusqu'à nous  et dont beaucoup sont dans les musées, les participants actuels voient dans le patchwork une expression artistique qui, une fois réalisée, rejoint de plus en plus les musées du monde entier.

La non-perfection :

De la même façon que les fabricants de tapis d'Orient ne faisaient jamais un travail parfait, cette notion se retrouve dans les quilts. On en détruit la symétrie par un motif disposé à l'inverse des autres, ceci "afin de ne pas rendre Dieu jaloux car lui seul détient la perfection et non pas l'homme". Et il ne faut pas tenter d'égaler Dieu.

 

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L
bonjour,j'ai aimé ton blog, son style très vivant, très naturel, ses descriptions, continuelynette
B
merci Huguette pour cette histoire du patchwork fort intéressante !!